Méconnue, la ciselure a laissé sa marque à travers le monde tout au long de l’histoire. L’école Boulle continue de perpétuer cette pratique. Pour l’atelier, conserver le savoir-faire et la connaissance des styles du passé est un devoir aussi incontournable que de promouvoir le décor ciselé dans la production et la création contemporaine, portée par l’industrie du luxe et l’artisanat d’art, notamment dans les domaines du bronze, de l’orfèvrerie et de la bijouterie.

Parcours espace :

Souvent associée aux objets précieux, au monde du bijou, des arts de la table ou du bronze mobilier, la ciselure grâce au décor et à son fort pouvoir d’évocation permet d’investir l’espace architectural en proposant des sculptures, des mobiles, ou bien des éléments destinés à organiser l’espace ou créer une ambiance lumineuse, propice au travail ou à la rêverie.

Pour exemples :

Un luminaire tactile organisé autour de l’idée de la croissance des arbres et intégré directement dans la structure du mur d’une chambre d’hôtel à thème.

Ou bien une douche spécialement étudiée pour convenir à l’usage des clients voyants ou non voyants dans une chambre d’hôtel.

Un paravent destiné à assurer la transition entre deux espaces aux fonctions distinctes.

Un mobile qui met en scène et dédramatise la perte des dents de lait, une étape importante    de la vie de l’enfant.

Parcours événement :

La ciselure s’invite partout ou le décor du métal trouve sa place.

La période des défilés permet de présenter des accessoires et bijoux spécialement développés pour mettre en valeur une collection haute couture.

Une pièce de théâtre, est l’occasion de développer un accessoire spécifique qui s’inscrit  au mieux dans le déroulement de la pièce.

Un partenariat avec la société Suisse Vacheron Constantin spécialisée dans l’horlogerie  haut de gamme, permet à une étudiante de proposer une recherche d’objet et d’ornement sur le thème de l’astronomie. Cela se concrétise sous la forme d’une carte céleste visible dans la nuit, pour inviter les utilisateurs à repérer les étoiles. Le mécanisme fabriqué par la société est inséré dans l’objet conçu, fabriqué et décoré par l’étudiante.

 C’est pour la marque, un moyen de communiquer autour de son intérêt pour les métiers d’art au travers du thème qu’elle aura choisi pour animer l’année 2017.

Le décor est signifiant, il permet de raconter une histoire, de faire référence à des événements historiques, culturels. Il est un jour foisonnant et exubérant, un autre jour minimaliste. Il concourt à créer une ambiance. Il peut favoriser la communication et l’échange.

Parcours innovation sociale:

Au-delà de la seule mise en œuvre des décors et ornements du passé sur des pièces d’orfèvreries, des bijoux ou des bronzes mobiliers classiques, la ciselure investit les domaines de l’innovation en rendant plus efficaces les nouveaux scénarios d’usages associés aux objets imaginés par les étudiants pour répondre aux attentes du monde contemporain.

Grâce à leur connaissance des bases de leur métier et leur appropriation des méthodes de création conception et réalisation les étudiants sont aptes à proposer une ciselure au service de leur projet et surtout de l’expérience usager.

Par exemple comment grâce à la ciselure et la perception tactile, développer un projet de douche utilisable à la fois par des personnes voyantes et non-voyantes dans une chambre d’hôtel.

Ou bien encore comment par le biais de la ciselure, faciliter la vulgarisation de phénomènes physiques complexes tels que la dualité de la lumière, en proposant un objet nomade, élégant, éveillant la curiosité et surtout illustrant de manière particulièrement efficace et ludique, le discours didactique d’un scientifique durant une conférence destinée à un public néophyte.

Parcours matériau et innovation :

Le travail de ciselure proprement dit est toujours réalisé sur du métal, fondu ou laminé, précieux ou non, et plus ou moins malléable.

Cependant les étudiants sont encouragés durant leur cursus, à s’intéresser aux autres matériaux, à leurs propriétés et ainsi aux possibilités offertes par de possibles mariages de matières et de techniques de mises en œuvre offertes par les nouvelles technologies.

Par exemple, dans la cadre d’un projet incluant un décor en ciselure intégré dans une structure usinée à la commande numérique et utilisant un silicone chargé de pigments générant une lumière phosphorescente dans la pénombre d’une chambre à coucher.

 Mais aussi par l’utilisation du prototypage avec l’imprimante 3D, qui permet de gagner du temps en conception et réalisation de pièces complexes que l’on peut ensuite fondre en métal et reprendre en ciselure afin d’affirmer leur caractère artistique.

Retouche du fichier numérique obtenu après le scan de la maquette en terre adaptée à la morphologie de la main.

Parcours ornement :

« La ciselure est l’art de décorer le métal sous toutes ses formes » telle est la définition donnée par Havard.

Mais citons plutôt celle de Lucien Falize célèbre et talentueux ciseleur et orfèvre du XIXème siècle :

« Le ciseleur a le devoir de faire dire au métal ce que le sculpteur n’a pu lui donner ;

Ce que ne livre ni la terre, ni le bois, ni le marbre :

cette fleur de l’épiderme

Le chairé de la peau

La maille du tissu

Les nervures des feuilles

Le moiré des fleurs

Tout cet infini délicat qui charme l’œil et donne la couleur et l’esprit à la matière. »

Voilà qui donne une idée du formidable potentiel d’expression de ce métier.

Mais au-delà de la sensibilité et de la maîtrise technique, il est aussi nécessaire de se questionner sur les causes et les nécessités de la présence ou non du décor sur les objets qui nous entourent et que nous créons.

C’est ce que font chaque année les étudiants, suivis en cela par l’équipe pédagogique et c’est bien évidement tout au début du cursus et dès la genèse de leurs projets de diplôme que la question du décor va se poser.

Dans le cadre du diplôme en atelier de ciselure, l’étudiant pense et réalise l’objet globalement pour sa destination finale et le décor fait partie de cette globalité. En résumé l’objet sans son décor perd son intérêt, sa singularité et une grande partie de sa signification, gardant simplement sa valeur d’usage, se retrouvant ainsi directement en concurrence avec des objets « industriels ».

 Et c’est cette démarche globale qui donne une place singulière à l’artisan d’art dans le tissu économique à l’heure actuelle.

Parcours patrimoine:

La ciselure, métier très ancien déjà pratiqué dès la plus haute antiquité, est présente dans de nombreuses collections de musées du monde entier.

D’après Havard, la ciselure est l’art de la statuaire appliquée à l’ornementation du métal. C’est l’art de décorer le métal sous toutes ses formes, que ce soit du métal laminé ou du métal fondu, que ce soit du cuivre, du laiton, du bronze, de l’étain ou des métaux précieux comme l’or et l’argent.

Son application entre dans la fabrication du bronze d’art, de l’ameublement, du luminaire, de la pendule, de la quincaillerie d’ameublement, de l’orfèvrerie et de la bijouterie.

Il existe plusieurs genres de ciselure:

  • la ciselure sur pièce fondue
  • la ciselure en repoussé
  • le pris sur pièce
  • le tracé matis
  • le ramolayé

Comme dans tous les autres parcours les bases du métier sont le point de départ incontournable et permettent ensuite d’évoluer vers la restauration des pièces anciennes issues des domaines variés d’expression de la ciselure.

Un goût prononcé pour l’histoire de l’art et des techniques, une pratique du dessin et du modelage ainsi que la visite régulière des collections des divers musées est indispensable pour espérer s’épanouir dans cette voie, qui peut être ensuite complétée par des poursuites d’études vers la restauration, la conservation, l’expertise ou l’acquisition de connaissances dans des techniques complémentaires.